Épisode 9 : Sépia Anthracite
Alors que l ‘homme au blouson de cuir s’avance menaçant pour s’emparer du coffre que tient Jonathan, des sirènes de police se rapprochent. Leur hurlement percent le silence oppressant de l’entrepôt. Les hommes de main de l'homme au blouson de cuir échangent des regards nerveux avant de pousser un cri de ralliement, un signal muet pour se replier. Leurs mouvements deviennent précipités, tendus. Quelqu’un a dû entendre le coup de feu et prévenir les flics.
L’homme au blouson de cuir esquisse unun rictus de défi -Vous croyez que vous allez vous en tirer comme ça ?» Sa voix est calme glaciale et tranchante. Il s'apprête à ajouter quelque chose, mais le bruit des sirènes, de plus en plus proche, l’interrompt. Les gyrophares commencent à teinter la nuit de reflets bleutés.
Sentant que la situation lui échappe,il jette un dernier regard, intense et menaçant, à ses adversaires. « Ce n’est pas terminé », lâche-t-il, avant de faire volte-face. D'un geste brusque, il de précipite à l’arrière du bâtiment suivi de ses hommes.
Le groupe reste figé, abasourdi mais vivant, encore sous le choc de l’intensité de la confrontation. Les respirations sont saccadées, l'adrénaline pulse encore dans leurs veines, les laissant hébétés. Marius, malgré la douleur qui le tenaille, finit par briser le silence. Sa voix est faible, mais résolue : « On doit partir d’ici avant qu’ils ne reviennent… ou avant que la police ne débarque. »
Naïla, toujours en alerte, hoche la tête, son regard scrutant déjà l’obscurité à la recherche d’une issue. « Suivez-moi, je connais un endroit. »
Quartier de la Reynerie
Une ancienne école, abandonnée depuis des années. À l’intérieur, l’air est froid et humide, mais l’endroit semble sûr, du moins pour l’instant. Ils se regroupent autour d’une table poussiéreuse, les visages marqués par l’épuisement. Marius, livide, s’adosse contre un mur, essayant de reprendre son souffle.Dans l'obscurité pesante de l'ancienne école de La Reynerie, Jonathan observe Marius avec une inquiétude croissante. Le jeune homme, visiblement blessé, s'adosse contre un mur décrépit, essayant de maîtriser sa douleur. La lumière vacillante d'une vieille lampe dessine des ombres inquiétantes sur son visage livide. Le silence qui s'est installé entre eux est lourd de non-dits, chaque bruit extérieur faisant monter un peu plus la tension dans l'air glacé.
Jonathan se rapproche doucement de Marius, son regard chargé de sollicitude. « Laisse-moi voir, » murmure-t-il, la voix tremblante d’émotion. Il pose délicatement une main sur le bras de son ami, un geste hésitant mais sincère, comme s’il cherchait à apaiser autant la douleur physique que la confusion qui semble l’envahir.
Marius relève les yeux, surpris par la douceur inattendue du contact. Leurs regards se croisent, et l’espace d’un instant, tout semble s’arrêter autour d’eux. Les murs délabrés, l'humidité envahissante, les documents éparpillés sur la table poussiéreuse – tout cela s’efface alors que Jonathan réalise, pour la première fois, l’étendue des sentiments qui commencent à éclore en lui. Un mélange de tendresse et de peur se lit sur son visage, tandis qu'il s’approche un peu plus, le cœur battant à tout rompre.
Sans trop réfléchir, porté par une impulsion qu’il ne comprend pas encore totalement, Jonathan dépose un baiser léger sur la joue de Marius. C’est un geste à la fois doux et chargé de significations. Marius ne recule pas, son regard s’adoucit, presque comme une réponse silencieuse à ce geste inattendu. La douleur dans son corps semble s’estomper un instant, remplacée par une chaleur nouvelle qu’il n’ose nommer.
Ils restent ainsi, le temps suspendu, avant que Jonathan ne recule légèrement, le souffle court, réalisant la portée de ce qu’il vient de faire. Ses yeux cherchent une explication dans ceux de Marius, mais aucun mot ne vient briser le silence. Juste cette compréhension tacite, ce lien qui se renforce dans ce lieu abandonné où tout semble sur le point de s’effondrer, sauf ce qui vient de naître entre eux.
Marius, malgré sa blessure, esquisse un sourire, et pose sa main sur celle de Jonathan, toujours posée sur son bras. « Merci, » murmure-t-il, laissant ces simples mots exprimer tout ce qu’il n’ose dire. Jonathan hoche la tête, incapable de répondre autrement, tandis qu’un sentiment nouveau et profond l’envahit, le laissant plus perdu et plus vivant que jamais.
Alors que leurs mains se séparent doucement Ils échangent un dernier regard complice avant de se tourner vers Antho et Naïla, qui discutent avec animation autour des documents éparpillés.
Pour Jonathan, une nouvelle certitude s'est insidieusement installée en lui, quelque chose qu’il ne pourra plus ignorer, quelque chose qui le lie désormais inexorablement à Marius.
« Il faut comprendre ce que ce carnet contient », dit Antho en posant le document sur la table. « S’il a fait réagir cet homme, c’est qu’il cache quelque chose de crucial. »
Il s’avançe vers la table où reposaient le carnet et les documents éparpillés. Soudain il écarquille les yeux : « Incroyable ! Ton père a consigné des notes que Mathieu Scheffler, cet ancien flic devenu journaliste avait prises. Elles font référence à des personnes influentes dans la ville, à des affaires louches. Il y a des graphiques financiers, de gros enjeux. Si l’homme au blouson de cuir voulait autant ce carnet, c’est que Scheffler avait commencé à enquêter sur une affaire et ton père a poursuivi !
Marius, écoute attentivement, chaque mot pesant lourdement sur son esprit. « Donc ...tout cela est forcément lié aux affaires du cabinet du maire ? » murmure-t-il. « Jonathan, ton père travaille dans l’administration, il avait accès à des informations sensibles. Peut-être que Scheffler avait découvert un réseau de corruption, et ton père… »
« Mon père aurait été mêlé à ça ? » l’interrompit Jonathan, la voix tremblante. « Je n’arrive pas à y croire… mais les preuves sont là. Pourquoi aurait-il gardé ces documents s’il n’était pas impliqué ... Je ne sais pas pourquoi, mais il voulait que je découvre la vérité. »
Marius, malgré la douleur, posa une main sur l’épaule de Jonathan. « On va découvrir cette vérité, Mais pour ça, on doit rester unis, quoi qu’il arrive. »
Naïla, qui n’avait rien dit jusque-là, se redressa. « Nous ne pouvons plus faire confiance à personne en dehors de ce groupe. Nous devons être vigilants et rester sur nos gardes. »
Antho hocha la tête. « D’accord. Pour l’instant, on se repose ici et on essaie de comprendre ce que ces documents nous révèlent. Demain, on prendra une décision sur la suite. »
A suivre…...
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