Épisode 3 : Blanc Silence

Marius recule précipitamment, les yeux écarquillés, alors que Jonathan s’extrait du placard, haletant. Le visage marqué par la peur, ses vêtements en désordre, Jonathan semble être l'ombre de lui-même. Leurs regards se croisent, et Marius perçoit une étincelle de panique pure dans les yeux de son ami.

— Ferme la porte, vite ! Ils arrivent…, souffle Jonathan, la voix brisée.

Marius, encore sous le choc, s'exécute sans réfléchir, refermant la porte avec précaution. Le silence à l'extérieur est étouffant, presque inexistant, mais une tension sourde envahit la pièce, palpable.

— Jonathan, qu'est-ce qui se passe ? Qui te poursuit ? demande Marius, la voix trahissant son angoisse.

Jonathan secoue la tête, visiblement à bout de forces, ses mains tremblant légèrement. Il jette un coup d'œil furtif vers le placard qu'il vient de quitter, comme s'il craignait d’y avoir laissé quelque chose.

— Je ne peux pas tout te dire maintenant… Mais il faut qu'on parte d'ici. On ne peut pas rester, dit Jonathan d’une voix tremblante, le regard fuyant.

Marius, bien que troublé, acquiesce. Il n’ose poser d'autres questions, conscient que le temps leur est compté et que l’urgence de la situation dépasse ses propres interrogations.

— On sort par la rue des Gestes, propose Marius, sa voix se voulant rassurante malgré l'angoisse qui lui noue la gorge. C’est un dédale de petites ruelles. Avec un peu de chance, ils auront du mal à nous suivre.

Jonathan hoche la tête en signe d'accord, ses yeux toujours empreints de terreur. Ensemble, ils sortent discrètement de la pièce, leurs pas résonnant faiblement dans le hall déserté. L'obscurité semble les engloutir, accentuant leur impression d’être traqués. Alors qu'ils atteignent la porte d'entrée, un bruit sourd résonne au loin, comme une porte qui claque. Jonathan saisit le bras de Marius, l'entraînant dehors avec précipitation.



Mathieu et Naïla remontent la rue en hâte, échangeant des regards lourds de sous-entendus. La conversation entre eux est réduite à quelques échanges rapides, chacun d’eux gardant une part de ses pensées pour lui-même. Mathieu, l’œil vigilant, scrute chaque coin de rue, tandis que Naïla se montre plus pressée, tirée par une intuition qu’elle peine à maîtriser.

— Où est-ce qu’on va ? demande Mathieu, essayant de percer le mystère qui entoure la jeune femme.

— Rue de la République. Marius m’a envoyé un message, il a trouvé quelque chose, répond Naïla, son ton révélant une inquiétude croissante.

Mathieu hoche la tête, mais une ombre de doute passe dans son regard. Il se souvient de la description de l'homme au blouson de cuir, un détail obsédant qui pourrait être la clé de cette affaire. Il réalise soudain que Marius pourrait, sans le savoir, avoir mis le doigt sur quelque chose de bien plus dangereux qu’ils ne l’avaient imaginé. Ils accélèrent le pas, une sensation d'urgence les gagnant à mesure qu'ils approchent de la rue de la République. Une certitude instinctive les pousse à se hâter, une voix intérieure leur criant que le temps leur échappe.

Dans le quartier des Carmes, Emy Bellanger, vêtue d’un manteau sombre qui tranche avec l’éclairage jaunâtre des réverbères, se tient devant la petite librairie de Jean Bellanger. À l’intérieur, Jean l'accueille avec un mélange de gravité et de réticence, conscient que la situation est plus grave qu'il ne l'avait imaginé.

— Tu sais que ça pourrait nous attirer de sérieux ennuis, dit-il, la voix lourde d’inquiétude.

— Je n’ai pas le choix, Jean. Jonathan a disparu, et je suis persuadée que c’est lié à ce que nous avons découvert l’an dernier. Je ne pouvais pas rester au bureau les bras croisés, réplique Emy, déterminée.

Jean soupire, passant une main tremblante sur sa barbe poivre et sel. Après une hésitation, il hoche la tête, résigné.

— Très bien. Viens à l’arrière, j’ai quelque chose à te montrer, dit-il en l’entraînant vers l’arrière-boutique, où l’atmosphère devient plus lourde à chaque pas. Emy sent que les pièces du puzzle commencent à s'assembler, mais l'image qui se dessine est loin de la rassurer.

Dans la rue de la République, Marius et Jonathan avancent rapidement, se frayant un chemin à travers les ruelles étroites. Jonathan, toujours sur le qui-vive, est au bord de l’effondrement. Les lampadaires diffusent une lumière froide qui rend l’obscurité encore plus oppressante. Ils passent devant des vitrines fermées, des rideaux de fer baissés sur des boutiques endormies.

— On ne va pas s’en sortir si on reste dehors, murmure Jonathan, la voix brisée par l’effort. Ils nous trouveront.

— Je connais un endroit où on pourrait se cacher, au moins temporairement, réplique Marius, essayant de garder son calme. Suis-moi.

Mais alors qu'ils s'apprêtent à tourner à l’angle de la rue, des bruits de pas précipités se font entendre derrière eux. Marius se retourne brusquement et aperçoit deux silhouettes se rapprochant. C'est Naïla et Mathieu.

— Marius ! Jonathan ! crie Naïla en les reconnaissant. Qu'est-ce qui se passe ?

Jonathan s'apprête à répondre, mais n’en a pas le temps. Une troisième silhouette émerge de l’ombre, plus rapide, plus pressante. Un homme, le visage à demi dissimulé sous un chapeau, leur barre la route. Son blouson de cuir sombre brille faiblement sous la lumière des réverbères.

— Je crois que nous avons besoin de discuter, dit l'homme d’une voix glaciale, le regard perçant.

Mathieu fait un pas en avant, son instinct de flic reprenant le dessus.

— Et vous êtes qui ? interroge-t-il, prêt à faire face.

L'homme esquisse un sourire en coin, sortant lentement une arme de sous son manteau. La tension monte d’un cran, l'air devient lourd.

— Juste un ami qui veut s’assurer que personne ne pose trop de questions… surtout pas sur Jonathan, répond-il, ses mots tranchant l’air comme un couperet.

Le temps semble suspendu. Marius serre les poings, Naïla avance d'un pas pour protéger Jonathan, tandis que Mathieu jauge la situation, chaque muscle de son corps tendu. Les masques sont sur le point de tomber, mais le jeu ne fait que commencer.

À suivre…