Épisode 4 : Gris Mystère

L'homme au blouson de cuir avance d’un pas, son arme maintenant visible, menaçante. Marius, Naïla, et Mathieu se figent, tandis que Jonathan recule instinctivement, se heurtant au mur froid de l'immeuble derrière lui. Le silence de la nuit est soudainement devenu oppressant, chaque souffle se transformant en une respiration saccadée.

— On ne veut pas de problèmes, dit Mathieu d’une voix calme mais ferme, les yeux fixés sur l'homme. Dites-nous simplement ce que vous voulez.

L’homme esquisse un sourire, un sourire qui ne dément pas la froideur de son regard. Il pointe l’arme vers Jonathan, ignorant volontairement la question de Mathieu.

— Ce que je veux ? C’est simple. Jonathan vient avec moi. Tout de suite. Vous autres, vous faites demi-tour et vous oubliez ce que vous avez vu ce soir.

Jonathan, blême, secoue la tête, ses lèvres tremblantes. Marius, sentant la panique monter, fait un pas en avant pour protester, mais un geste brusque de l’homme au blouson le fait se raviser.

— Écoutez-moi bien, reprend l’homme, un ton plus bas, presque confidentiel. Vous n’avez aucune idée de ce dans quoi vous mettez les pieds. Jonathan sait des choses qu’il ne devrait pas savoir. Et ça, ça le met en danger… et vous aussi.

— Vous pensez vraiment qu’on va vous laisser l’emmener comme ça ? réplique Naïla, un éclat de défi dans la voix. Qui êtes-vous pour décider de ça ?

L’homme la fixe, impassible. Le temps semble suspendu, et pendant une fraction de seconde, il semble qu’une confrontation est inévitable. Mais à ce moment-là, Jonathan, rassemblant ce qu’il lui reste de courage, parle enfin.

— Je ne partirai pas avec vous, lâche-t-il, sa voix tremblant légèrement mais résolue. Je préfère affronter ce qui m’attend ici que de vous suivre.

L'homme au blouson serre la mâchoire, visiblement contrarié. Le jeu d’intimidation qu’il tente de mener semble se retourner contre lui.

— C’est ton choix, Jonathan, mais tu en connais les conséquences.

Sans attendre de réponse, il tourne les talons et disparaît dans l'obscurité d'une ruelle adjacente, l'ombre l'engloutissant en un instant. Mathieu reste figé un moment, prêt à réagir, mais se résigne à laisser l'homme partir. Le silence retombe sur la rue, lourd, pesant.

— Il va revenir, murmure Jonathan en s’effondrant presque contre le mur. Ils reviennent toujours.

Marius s’approche de lui, posant une main rassurante sur son épaule.

— On ne te laissera pas tomber, Jonathan. On va trouver ce qu’il se passe, ensemble.

Mathieu, toujours alerte, prend les devants.

— Il faut qu’on bouge. Ce type n’est pas seul, et s’il revient, ce sera avec du renfort. On doit trouver un endroit sûr pour discuter.

Naïla acquiesce, jetant un dernier regard vers la ruelle où l’homme a disparu.

— Je connais un endroit, dit-elle. Suivez-moi.

Le groupe se met en mouvement, quittant précipitamment les lieux. Les rues de Toulouse, habituellement si familières, prennent une tournure inquiétante sous la lumière froide des réverbères. Chaque ombre semble cachée une menace, chaque bruit amplifie la peur qui les habite. Naïla les conduit à travers les ruelles tortueuses du quartier des Carmes jusqu’à un petit immeuble modeste, presque invisible dans la pénombre.

— C’est ici, murmure-t-elle en ouvrant la porte avec une clé, un appartement discret, sans histoire. Personne ne viendra nous chercher là.

Ils montent les escaliers étroits, chacun d’entre eux sur le qui-vive, avant d’entrer dans un appartement modeste mais chaleureux. Jonathan s’effondre lourdement sur le canapé, ses mains tremblant encore, tandis que les autres s’assoient autour de lui, l’atmosphère tendue.

— Il faut que tu nous dises ce que tu sais, Jonathan, commence Mathieu en s'installant en face de lui. On ne peut pas t'aider si on n'a pas toutes les pièces du puzzle.

Jonathan prend une profonde inspiration, essayant de rassembler ses pensées.

— J’ai découvert quelque chose… quelque chose qui n’aurait jamais dû arriver sur mon bureau. C’était censé être une journée normale au cabinet, mais ce document était là, comme s’il avait été laissé exprès.

— Quel genre de document ? interroge Marius, visiblement anxieux.

— Un rapport financier, répond Jonathan. Mais pas un simple rapport. Il détaillait des transactions entre le cabinet du maire et des entités dont je n’avais jamais entendu parler. Des sommes énormes, des comptes offshore… J’ai commencé à fouiller un peu, et c’est là que tout a dérapé.

Il passe une main nerveuse dans ses cheveux, les yeux fixés sur le sol.

— Quelques jours après, j’ai reçu des menaces. Des appels anonymes, des lettres sans nom. Et puis j’ai remarqué que je n’étais plus seul… Des gens me suivaient, m’observaient. C’est devenu insoutenable. Alors j’ai tout laissé tomber et j’ai essayé de disparaître. Mais ils m’ont retrouvé.

Le silence retombe dans la pièce. Naïla et Marius échangent un regard, conscients que ce qu'ils viennent d'entendre est bien plus grave qu'ils ne l'imaginaient.

— On doit aller à la police, déclare Naïla. Ils doivent savoir ce qui se passe.

Mathieu secoue la tête, son instinct de vieux flic le poussant à la prudence.

— Si ce que Jonathan dit est vrai, alors la police est peut-être déjà compromise. On doit faire attention à qui on parle.

— Que faisons-nous alors ? demande Marius, la panique commençant à poindre dans sa voix.

Mathieu se lève, fixant Jonathan avec une détermination renouvelée.

— On va jouer leur jeu, mais à notre manière. On va utiliser ce que Jonathan sait contre eux. Mais pour ça, on a besoin de preuves solides, des preuves qui pourront faire tomber ces gens, quels qu’ils soient.

Jonathan lève les yeux vers Mathieu, un mélange de peur et d’espoir dans le regard.

— Il y a une copie des documents. Je l’ai cachée avant de disparaître. Si on peut la récupérer, on aura ce qu’il nous faut.

— Où est-elle ? demande Naïla.

Jonathan hésite un instant, puis finit par répondre.

— Sous l’ancien pont des Catalans, dans une boîte métallique. Mais je ne peux pas y retourner seul. C’est trop dangereux.

— On ira ensemble, décide Mathieu. Mais on doit être discrets. Une fois qu’on aura ces documents, on saura quoi faire.

Naïla acquiesce, tandis que Marius prend une profonde inspiration. Ils sont tous conscients que cette mission est risquée, mais c’est leur seule chance.

Minuit, sous le Pont des Catalans.

La nuit est noire, sans lune, alors que le groupe se faufile discrètement sous l’ancien pont des Catalans. Les eaux de la Garonne coulent silencieusement, leurs reflets argentés dansant sous la faible lueur des réverbères. Jonathan guide les autres jusqu’à un recoin à moitié caché par des pierres.

— C’est ici, murmure-t-il en s’accroupissant pour retirer quelques pierres. Il révèle une boîte métallique, légèrement rouillée, qu'il extirpe avec précaution.

Le cœur de Marius bat à tout rompre tandis que Jonathan ouvre la boîte pour en sortir un dossier épais. Les yeux de Mathieu se fixent sur les documents avec une intensité froide, prête à en découdre.

— C’est exactement ce qu’il nous faut, dit-il d’une voix basse mais assurée. On les tient.

Soudain, un bruit sourd retentit derrière eux. Tous se retournent en sursaut, la tension à son comble. Une silhouette se découpe dans l’obscurité, une arme à la main.

— Je savais que vous reviendriez ici, déclare une voix froide.

C’est l’homme au blouson de cuir, son regard perçant et cruel. Il n’est pas seul. Derrière lui, plusieurs hommes apparaissent, leurs ombres menaçantes se fondant dans la nuit.

— Donnez-moi ces documents, et personne ne sera blessé, ordonne-t-il.

Le groupe est pris au piège. La Garonne murmure à leurs pieds, témoignant silencieusement du danger qui les entoure. Jonathan serre les documents contre lui, le regard désespéré, tandis que Mathieu, Naïla, et Marius échangent un dernier regard, cherchant une issue. L’étau se resserre, et ils savent que la prochaine décision pourrait être la dernière.

À suivre…

 

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