Épisode 1 : Rouge Garonne
Le vent de septembre balaie Toulouse, transportant avec lui les premières senteurs de l'automne. Les feuilles dorées tombent doucement, recouvrant les trottoirs d’un tapis moelleux. La place Saint Georges,, habituellement animée, est encore endormis, seulement traversée par quelques silhouettes matinales. Non loin de là, sans la rue du Sabot de Vénus, le café La Muse du Matin abrite déjà quelques âmes en quête de réconfort, parmi lesquelles Claire Roudineau, 44 ans. Derrière le comptoir, elle essuie des tasses avec des gestes mécaniques, les yeux fixés sur la porte vitrée. Son visage est marqué par les années, mais ses yeux bleu perçant conservent une lueur vive, une flamme qu’aucune tempête n’a su éteindre.
Le calme de la matinée est soudainement troublé par le tintement familier de la clochette de la porte. Un homme entre, enveloppé dans un blouson de cuir fatigué. À 56 ans, Mathieu Scheffler, ancien flic devenu journaliste, porte les stigmates de sa carrière passée. Ses cheveux grisonnants sont coupés court, et son visage buriné trahit les innombrables heures passées à scruter l’injustice du monde.
— Toujours fidèle au poste, Mathieu ? Un café noir, comme d'habitude ? demande Claire avec un sourire chaleureux.
Il acquiesce en silence, ses pensées ailleurs. Le journal sur le comptoir attire son attention. En première page, un titre accrocheur : « Mystérieuse disparition à Toulouse : où est passé Jonathan Bonnefont ? »
Mathieu fronce les sourcils, le regard soudain plus vif.
— Tu as entendu parler de ça, Claire ?
Elle hoche la tête en lui servant sa boisson.
— Oui, c'est inquiétant. Jonathan travaille au cabinet du maire, non ?
— Exactement, répond Mathieu. Je vais creuser ça. Ce genre d’affaire n’est jamais aussi simple qu’il y paraît.
Dans le bureau du maire, l’atmosphère est tendue. Emy Bellanger, 33 ans, une avocate brillante, arpente la pièce, son visage durci par l’inquiétude. Sa chevelure brune est tirée en un chignon strict, et son tailleur impeccable témoigne de son professionnalisme, mais aujourd’hui, une ombre plane sur ses traits.
— Comment peut-il simplement disparaître sans laisser de trace ? murmure-t-elle en fixant la lumière du jour qui baigne la pièce.
Un coup frappé à la porte interrompt ses pensées. Naïla Salah, 23 ans, entre, le visage sérieux. Originaire du Maghreb, cette jeune femme au fort caractère travaille également au cabinet du maire.
— Emy, j'ai parlé à tous ceux qui l'ont vu la veille. Personne ne sait où il est allé après son dernier rendez-vous, dit-elle d'une voix grave.
— Il faut alerter la police, Naïla. On ne peut pas perdre plus de temps, répond Emy en serrant les poings.
Sur les quais de la Garonne, Anthony Guillot, surnommé "Antho", 35 ans, est assis sur un banc, le regard perdu dans l'eau trouble. Ses traits marqués et son apparence d’écorché vif dissimulent une grande sensibilité. Il pense à Jonathan, à leur dernière conversation, où ce dernier semblait préoccupé, presque effrayé. Antho n’avait pas insisté, mais maintenant il regrette de ne pas avoir posé plus de questions.
Une silhouette s’approche et s’assied à côté de lui. C’est Nora Caral, 42 ans, une femme asiatique à la beauté froide et mystérieuse.
— Tu sais ce qui lui est arrivé, n'est-ce pas ? murmure Antho sans la regarder.
Nora reste silencieuse un moment avant de répondre d'une voix douce mais ferme :
— Il y a des choses qu'il vaut mieux ne pas savoir… Tu n’auras pas de réponse de ma part, tu le sais bien.
Antho tourne la tête vers elle, mais elle s'est déjà levée, disparaissant dans la brume qui enveloppe les quais, le laissant seul avec ses pensées.
Dans les rues étroites du centre-ville, Marius Castex, 26 ans, traverse la ville, ses pensées tournées vers Jonathan. Ouvertement gay et fier, Marius est pourtant réservé sur sa vie privée. Il a rencontré Jonathan lors de soirées entre amis, mais un malaise subsistait, comme si Jonathan cachait quelque chose. Il s'arrête devant un immeuble ancien, le dernier endroit où Jonathan a été vu. La porte en bois est entrouverte, et un sentiment de malaise envahit Marius. Quelque chose ne va pas.
Poussant la porte, il entre dans le hall sombre. L’air y est lourd, imprégné d’une odeur de renfermé. Il avance prudemment, chaque pas résonnant sur le sol carrelé. Au fond du couloir, une porte entrebâillée laisse filtrer une lumière tamisée. Marius hésite, son cœur battant la chamade. Il tend la main pour pousser la porte...
Un cri strident déchire le silence, résonnant dans les murs du vieil immeuble. Marius recule d’un pas, les yeux écarquillés. Que se passe-t-il derrière cette porte ? Et surtout, est-ce que Jonathan s'y trouve ?
À suivre…
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