Épisode 2 : Corail Cauchemar

Le cri résonne encore dans les oreilles de Marius alors qu'il reste figé devant la porte entrouverte. Le hall, sombre et oppressant, semble se refermer sur lui, amplifiant son angoisse. Une sueur froide coule le long de sa nuque. Il inspire profondément, rassemble son courage, et pousse la porte. Elle grince en s'ouvrant, dévoilant une pièce plongée dans la pénombre. Une faible lueur émane d'une lampe à abat-jour, vacillante comme une flamme sur le point de s’éteindre.

L'intérieur est exigu, encombré de vieux meubles recouverts de poussière. Sur le sol, des papiers épars et froissés trahissent un passage récent. Mais le cri, ce cri perçant, ne semble pas provenir de cet endroit. Marius avance prudemment, chaque pas fait craquer les lames du parquet. Son cœur tambourine dans sa poitrine, le rythme s'accélérant à chaque instant. Soudain, un frôlement dans son dos le fait sursauter. Il se retourne brusquement, mais il n'y a personne. Juste un courant d'air qui agite les rideaux usés de la fenêtre. Il est sur le point de faire demi-tour quand un reflet capte son attention.

Sur le mur, un miroir ancien, orné d'un cadre en bois sculpté, renvoie une image déformée de la pièce. Marius s'approche, plisse les yeux. Dans le bois, une inscription gravée discrètement : « Ce que tu cherches est plus proche que tu ne le penses. » Il fronce les sourcils, intrigué. Que signifie cette phrase ? Jonathan aurait-il laissé un indice ici ? Plongé dans ses pensées, il ne remarque pas immédiatement le léger grincement provenant du placard à côté du miroir. La poignée bouge imperceptiblement, comme si quelque chose ou quelqu’un tentait de sortir…

 

Hôtel de Police- Toulouse

Pendant ce temps, au commissariat de Toulouse, Mathieu Scheffler fait une entrée remarquée. Son pas ferme résonne sur le sol de marbre, attirant l’attention des jeunes recrues. Bien qu’à la retraite, Mathieu est toujours reçu avec un respect teinté de crainte, sa réputation le précédant. Derrière le comptoir, une jeune recrue lève les yeux, hésitante.

— Je viens voir le commissaire Arnaud. Dites-lui que c'est Scheffler.

La jeune femme hoche la tête et disparaît dans l’arrière-bureau. Quelques minutes plus tard, le commissaire Arnaud, un homme corpulent à la moustache fournie, émerge avec un sourire.

— Mathieu, quel bon vent t'amène ? Toujours à fouiner dans les affaires de la police ? lance-t-il avec une fausse légèreté.

Mathieu esquisse un sourire sans joie.

— On n’oublie jamais vraiment, tu le sais bien. Je suis ici pour l'affaire Jonathan Bonnefont.

Le sourire d'Arnaud se fane légèrement.

— Ah, cette histoire… C’est encore trop tôt pour tirer des conclusions, mais j’ai un mauvais pressentiment. Ça va devenir une de ces affaires embrouillées.

— Justement, je veux m’assurer qu’on ne perde pas de temps. Ce type travaillait au cabinet du maire, il avait accès à des informations sensibles. Son profil… ça ne colle pas avec une disparition volontaire, répond Mathieu, le regard perçant.

Arnaud croise les bras, pensif.

— T’as toujours eu le nez pour ces trucs-là. Ok, je te donne accès à ce qu’on a pour l'instant, mais fais pas de vagues, d'accord ?

Mathieu acquiesce, déjà absorbé par les documents qu’Arnaud lui tend. Les rapports préliminaires, les témoignages, rien qui ne crève les yeux. Pourtant, un détail capte son attention : une description vague d’un homme vu en compagnie de Jonathan, juste avant sa disparition. Un homme aux cheveux courts et grisonnants, portant un blouson de cuir.

— Qui a écrit ça ? demande Mathieu en pointant le passage.

— Un témoin anonyme. On n’a rien pu vérifier. Pourquoi ?

Mathieu se frotte le menton, pensif.

— Parce que cet homme pourrait bien être la clé de tout ça.

Dans le quartier des Carmes, Emy Bellanger marche rapidement, ses talons résonnant sur les pavés irréguliers. Les vieux immeubles aux façades ornées de balcons en fer forgé semblent la surveiller. Elle serre son téléphone contre son oreille, la frustration marquant ses traits.

— Non, Naïla, je ne peux pas rester au bureau. Je dois retrouver quelqu'un qui pourrait nous aider. Oui, je sais que c'est risqué, mais on n'a plus de temps. Jonathan est quelque part dehors, seul, et peut-être en danger, déclare-t-elle avant de raccrocher, le ton pressant.

Seule au milieu de la rue, une légère brise soulève ses cheveux. Emy s'arrête devant un immeuble modeste, une petite librairie au rez-de-chaussée. Une pancarte indique « Fermé », mais une lumière est allumée à l'intérieur. Elle frappe doucement à la porte. Un homme d'une cinquantaine d'années, la barbe poivre et sel, ouvre. Ses yeux perçants s’adoucissent en reconnaissant Emy.

— Maître Bellanger… Cela fait longtemps. Que me vaut cette visite ? demande-t-il avec une pointe de curiosité.

— Jean, j'ai besoin de ton aide. Jonathan a disparu, et je crois que cela a un lien avec… tu sais quoi, répond Emy en soupirant, ses épaules se relâchant légèrement.

Jean la fixe un instant, puis ouvre la porte en grand, l'invitant à entrer.

— Si tu en es arrivée à cette conclusion, c'est que la situation est grave. Viens, nous avons beaucoup à discuter, dit-il, son ton grave laissant transparaître une inquiétude sous-jacente.

Au café La Muse du Matin, l’atmosphère a bien changé. Le brouhaha des conversations envahit l’espace, mais à une table près de la fenêtre, Naïla Salah est absorbée dans ses pensées, le regard fixé sur la rue. Son café refroidit dans sa tasse, oublié. Soudain, son téléphone vibre sur la table. Un message de Marius : « J'ai trouvé quelque chose. C'est gros. Rejoins-moi rue de la République. » Naïla se lève précipitamment, laissant quelques pièces sur la table, et se dirige vers la sortie. En franchissant la porte, elle se heurte à Mathieu, perdu dans ses pensées.

— Mathieu ? Qu'est-ce que tu fais ici ? demande-t-elle, surprise.

— Pas le temps de t'expliquer. Mais suis-moi, ça peut t’intéresser, réplique Mathieu, une lueur de détermination dans le regard.

Naïla hésite une seconde, puis acquiesce.

— Ok, mais tu m'expliques en route.

Ils sortent ensemble du café, une tension palpable s'installant entre eux. Les ombres du soir commencent à s'allonger sur les rues de Toulouse, accentuant l'atmosphère mystérieuse entourant la disparition de Jonathan Bonnefont.

À quelques rues de là, dans l’immeuble ancien, Marius recule en hâte devant le placard qui s'ouvre brusquement. Une silhouette en sort, haletante, les vêtements en désordre. C’est Jonathan, les yeux écarquillés, le visage marqué par la peur.

— Ferme la porte, vite ! murmure-t-il, la voix tremblante. Ils arrivent...

À suivre…





 

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